Les mouvements sociaux : hier et aujourd’hui, des luttes et des victoires

Les mouvements sociaux : hier et aujourd’hui, des luttes et des victoires

Cet article a été publié dans les actualités du réseau associatif « Starting Block » , engagé pour la solidarité et la citoyenneté, auquel l’association « Collectif Pop » fait partie : plus de détails ici.

Le défaitisme ambiant voudrait nous faire croire que personne ne se bouge tandis que la situation se dégrade de plus en plus, et que ça ne sert à rien de se mobiliser.

Et pourtant ! Quand on regarde de plus près l’histoire du pays et les événements récents, on se rend compte que la France est sans cesse secouée par des mouvements sociaux, qui finissent souvent, par obtenir gain de cause. Serait-ce une stratégie volontaire de nous noyer de mauvaises nouvelles, éteindre nos espoirs, et nous pousser au statut quo ?

Les milieux populaires représentent encore aujourd’hui la majorité de la population, et sont des acteurs majeurs des mouvements sociaux. C’est pourquoi nous les mettons en lumière dans cet article.

1° Un mouvement social c’est quoi ?

Un mouvement social, c’est une action collective qui revendique une cause, matérielle ou immatérielle, et vise à transformer l’ordre social existant1.

Autrefois très liées au monde du travail, les « nouveaux » mouvements sociaux touchent des causes plus larges et plus diverses (écologie, égalité femmes/hommes, lutte contre les discriminations, etc).

2° Les acquis sociaux obtenus par les luttes passées

Les mouvements sociaux du passé sont en effet très liés au monde du travail, mais ont contribué à modifier en profondeur les modes de vie de la majorité de la population, et ce encore aujourd’hui. Très souvent, ces luttes ont été menées par des personnes de milieux populaires : c’est-à-dire des personnes aux conditions de vie difficiles et à l’avenir incertains voire cloisonné2.

Nous pourrions remonter à la révolution de 1789 qui a aboutit à l’abolition des privilèges et à la déclaration des droits de l’homme. En 1848, un deuxième soulèvement de grande ampleur entraîne en métropole la création du suffrage universel masculin, et dans les colonies l’abolition de l’esclavage.

Plus proche de nous, en 1936 une grève sans égale a permis d’obtenir la semaine à 40h et les congés payés. Plus tard en 1968, grâce à une alliance entre syndicats populaires et étudiants de milieux plus aisés, on a assisté à une libération des mœurs, ainsi qu’à la création du mouvement de libération des femmes. Ce mouvement a entraîné une forte augmentation du SMIC et des salaires, l’extension de la sécurité sociale, et l’obtention de nombreux droits pour les femmes3.

Egalement, de nombreuses grèves ont eu lieu en réaction aux réformes des retraites 4 ou du travail : en 1953 contre le projet du gouvernement de retarder l’âge de la retraite, les grèves des mineurs en 1963, en 1995 contre la réforme de la sécurité sociale (« plan Juppé »), en 2003, contre le projet retraite de Fillon, en 2006 contre le CPE, en 2010 contre la réforme des retraites et en 2019-2020 contre la réforme des retraites également. Celles-ci ont souvent mobilisé la même alliance de classes populaires et de classes moyennes en déclassement.

3° Et aujourd’hui ?

Les mouvements sociaux aujourd’hui touchent d’autres causes et prennent d’autres formes, face à de nouveaux enjeux : la crise politique, économique et écologique. En effet depuis la crise économique de 2008, on voit naître de nouveaux mouvements en France et ailleurs dans le monde (Tunisie, Egypte, Algérie, Liban, Chili, Turquie, USA, Canada, Chine etc).

Par exemple, Les Indignés en 2011, Nuit debout en 2016, les Gilets Jaunes et les mouvements écologistes en 2018 qui se sont unis à plusieurs reprises. Nous pouvons citer également les nombreux mouvements de luttes pour les droits des femmes, dont le mouvement « MeToo » qui a marqué les esprits.

Les quartiers populaires ne sont pas en reste : après les émeutes de 2005 auto-destructrices5, des mouvements de lutte contre les violences policières se sont créés, dont « Justice pour Adama ». Le Collectif national « Pas sans nous » se constitue aussi comme défenseurs des droits des habitants des banlieues françaises.

4° Comment ?

Le mode opératoire change : on s’empare des places publiques, des ronds-points, les lycéens font grève, les réseaux sociaux deviennent un outil incontournable et puissant de rassemblement6. On mobilise sur internet grâce à des pétitions en ligne (2 millions de signataires pour l’affaire du siècle : un record!). Les manifestants sont de plus en plus jeunes : on voit même des collégien.n.e.s en tête des cortèges7.

Surtout, on voit des catégories de population différentes se rencontrer : on remarque un ralliement des classes moyennes notamment dans les manifestations pour la justice climatique et sociale, qui se résume par « Fin du monde, fin du mois : même combat ». Ces derniers mois, la convergence des luttes a été concrète : Gilets Jaunes, écologistes, « Justice pour Adama », syndicats, féministes, retraités, etc se sont rassemblés pour faire cause commune. Les Gilets jaunes, composés de personnes de milieux populaires mais plutôt péri-urbains, ont par exemple découvert les violences policières que les habitant.e.s des banlieues eux, connaissent depuis longtemps.

5° Quels résultats ?

Cela peut prendre du temps pour avoir des résultats, et les échecs se succèdent aussi souvent avant la victoire : avant 1789, de nombreuses révoltes ont été réprimées dans le sang. Faut-il parler de la commune de Paris ?8 Combien de mort avant l’abolition de l’esclavage ? Plus récemment, le mouvement Nuit Debout, issu de la mobilisation contre la Loi travail, a déçu par son manque de résultats.

Mais les échecs sont créateurs : le mouvement Nuit Debout a été une véritable formation citoyenne et politique pour ses participants9. Il a certainement aidé à la construction du mouvement des Gilets Jaunes ou des Jeunes pour le climat. Les mouvements sociaux peuvent aussi se transformer : le mouvement des Indignés en Espagne, par exemple, a amené 3 ans plus tard à la création d’un parti politique : Podemos. Il a fallu un an de plus pour que des listes issues du mouvement s’emparent des villes espagnoles10. Comparaison intéressante : 1 an après le début des Gilets Jaunes, de nombreuses listes citoyennes apparaissent partout en France pour les municipales11.

Et ce n’est pas tout : en plus des décisions budgétaires du gouvernement suite aux Gilets Jaunes, qui ont repris plus de 10 milliards d’euros en faveur des classes modestes12, l’Etat a créé la convention citoyenne pour le climat. Cette nouveauté démocratique13 en France répond en partie à des revendications des Gilets Jaunes et des jeunes pour le climat. Aujourd’hui, plus aucun parti ne peut éviter le sujet de l’écologie. Bref, de petits résultats peut-être pour certains, mais ce n’est que le début !

Et Collectif POP dans tout ça ?

Collectif POP est une association loi 1901 constituée de personnes issues de milieux populaires (mais pas que) pour la défense des intérêts des milieux populaires. Le but ? Permettre à chacun de choisir sa vie. Lutter contre les inégalités sociales, rebattre les cartes pour que chacun parte avec les mêmes chances.

Comment ?

1° en rendant visible la situation des milieux populaires et en révélant les injustices

2° en se regroupant pour former un réseau

3° en nous formant aux méthodes militantes

4° en construisant nos propres revendications

Concrètement, qu’est-ce qu’on fait ?

L’association relaye les luttes populaires sur les réseaux sociaux et fait connaître aussi de cette façon la situation des milieux populaires. Nous publions de nombreux articles sur notre site concernant les actions qui ont marché et comment, pour garder espoir et se former. Nous faisons aussi des actions à petites échelles : par exemple, une intervention en lycée sur l’orientation subie et les inégalités pour encourager les jeunes à choisir leur propre voix.

>>L’association en construction en appelle à toutes les bonnes volontés pour se développer et prévoit d’autres actions : des stands de sensibilisation dans la rue, des conférences, etc.

Rejoignez-nous sur HelloAsso, Facebook ou encore sur notre site internet www.collectifpop.fr

>>Quelques éléments bibliographiques pour creuser le sujet :

  • « Les luttes et les rêves, une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours », Michelle Zancarini-Fournel, 2016

  • « Quand les banlieues brûlent,retour sur les émeutes de novembre 2005 », Laurent Mucchielli, Véronique Le Goaziou, 2006

  • « Les Gilets jaunes, et après ? » Revue le 1, 2019

  • Internet réinvente-t-il le militantisme ? Revue Projet, N° 371, été 2019

    > et des films aussi :

  • Le film « Demain », réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent, 2015

  • Le film « L’assemblée », réalisé par Mariana Otero, 2016

  • Le film « J’veux du soleil ! », réalisé par Gilles Perret et François Ruffin, 2019

Et tous nos articles sur www.collectifpop.fr !

2 Par « milieux populaires » ou « classe populaire », le collectif entend l’ensemble des personnes qui sont caractérisées par « une position matériellement et culturellement dominée dans notre société, et dont les chances de vie et des conditions de vie sont marquées par un espace des possibles relativement restreint », (définition de O. Schwartz, 2002).

5Quand les banlieues brûlent,retour sur les émeutes de novembre 2005, Laurent Mucchielli, Véronique Le Goaziou, 2006

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