1848 : l’abolition de l’esclavage

1848 : l’abolition de l’esclavage

Pendant des centaines d’années, les esclaves n’ont cesser de lutter pour obtenir leur liberté. De nombreuses personnes sont mortes, mais ont finit par obtenir justice en 1848.

1492 : le début de l’esclavage « moderne »

L’esclavage moderne est né aux Antilles. Les premiers Noirs d’Afrique qui y débarquèrent , employés comme domestiques, accompagnaient leur maîtres lors de la seconde expédition de Christophe Colomb dans les petites Antilles en 1493. Un siècle plus tard, les Espagnols et les Portugais ont introduit l’esclavage partout sur leurs possessions en Amérique, et la traite négrière est devenu l’une des composantes du commerce atlantique.

La traite négrière atlantique a fait des millions de mort. Sur un total d’environ 14 millions d’esclaves déportés au cours des XVIIème et XVIIIème siècles, on estime que 5 millions de personnes n’ont pas survécu à la traversée.

Les conditions de la Grande Déportation des esclaves sont effroyables. La mortalité des déportés oscille entre 13% et 25% : la durée du voyage, l’entassement, les conditions d’alimentation et d’hygiène sont propice au développement des maladies quid éciment les captifs enchaînés dans les cales. Le capitaine du navire négrier et son équipage recourent à une violence extrême pour rester maîtres des centaines d’Africaines et d’Africaines entassés à leur bord, en utilisant fouet, menottes, fers, colliers. Des esclaves se rebellent et arrivent parfois à prendre le contrôle du navire. D’autres se suicident , individuellement ou en groupe, en se jetant à l’eau.

1685: L’établissement du Code noir

Le Code noir légalise et encadre la pratique esclavagiste dans le domaine colonial du royaume de France. Si le Code noir donne certains droits aux esclaves, (ration alimentaire, vêtements, soin en cas de maladie), il leur impose aussi d’être baptisés et catéchisés. Ils leur était accordé dans ce cadre un jour de repos le dimanche et les jours de fêtes religieuses. Par ailleurs, il ne leur était accordé que le minimum afin qu’ils puissent « travailler ». Les maîtres ne respectaient pas la loi et les esclaves étaient souvent sous alimentés par exemple, mais également agressés sexuellement (dans le cas des femmes en particulier).

Les esclaves étaient considérés comme des « biens meubles » par cette loi, réduit à l’état de marchandises pouvant être vendu avec l’habitation (terre d’exploitation et de plantation) de leur maître, leur sort étant lié à celui de la terre. De nombreuses rebellions ont eu lieu. Plusieurs fois, de nombreux esclaves ont tenté de s’enfuir ou de détruire des habitations. Ils réussissaient parfois, notamment en Guyane ou la jungle leur était favorable. Toutefois les esclaves qui se faisaient rattrapés après s’être enfuit (qu’on appelaient aussi les « marrons ») était très sévèrement puni (brûlé, écartelé, fouettés, pendus, démembrement, jambe coupée, nez coupé, etc). Pour prévenir le marronnage, un véritable système de terreur était mis en place par les colons.

Les esclaves noirs se rebellaient de plusieurs façons. Ils boycottaient par exemple l’exploitation en faisant exprès d’être lent, ou de se déclarer malade. Plus tragique, les femmes avait recours à l’avortement ou à l’infanticide pour ne pas mettre au monde d’enfants esclaves. Certains, notamment des nouveaux arrivants, se suicidaient face au désespoir.

Les esclaves sont exploités dans les habitations pour produire en majorité du sucre, du café, du cacao, de l’indigo et du coton.

L’Europe au XVIIIème siècle

1789 : le vent de la Révolution

En 1789, de nombreuses insurrections ont eu lieu en Guadeloupe, en Guyane et en Martinique. Etant au courant de la révolution qui se déroulait en Métropole et de la déclaration des droits de l’homme, les esclaves réclament les droits encore plus fortement. Les esclaves tentent de tuer les colons, de détruire les plantations et de s’enfuir. Malheureusement beaucoup se font rattrapés et tués par la suite. Si, comme l’a souligné Aimé Césaire, les insurrections ont des spécificités propre à chaque colonie, partout pourtant les esclaves font référence à l’égalité et à la liberté. Si beaucoup de révoltes ont eu lieu auparavant, ils empruntent pour la première fois le langage révolutionnaire.

Parmi les leaders noirs de la révolte des esclaves les plus connus, on peut citer des hommes tels que Toussaint Louverture, Dutty Boukman, Jean-François Papillon ou Jeannot Bullet. Dutty Boukman, originaire de la Jamaïque était esclave le jour, mais la nuit, « hougan », prêtre de la religion Vaudou. Il organisa le 14 août 1791 une cérémonie vaudou au Bois Caiman et déclencha une puissante révolte : pendant une dizaine de jours, la plaine du Nord fut en flammes. On décompta près de 1 000 Blancs assassinés, 161 sucreries et 1 200 caféières brûlées. Dutty Boukman, qui passait pour invulnérable, mena l’attaque du Cap et fut tué.  On le décapita et on exposa sa tête en espérant décourager les révoltés.

Dutty Boukman

Mais la révolution haitienne était déjà lancé et plusieurs hommes continuèrent le combat. Georges Biassou, ainsi que Jean François Papillon et Jeannot Bullet deviennent des meneurs de la révolte. En 1793, George Biassou se rallie aux Espagnols de l’Est de l’île afin de combattre les colons. L’affranchi Toussaint Bréda devient son aide de camp. Initié à l’art de la guerre, il remporte plusieurs victoires audacieuses qui lui valent le surnom de « L’Ouverture ». Il sera aidé pour cela par ses lieutenants Henri Christophe et Jean Jacques Dessalines. Il sera vaincu plus tard par les armées de Napoléon mais aura permis aux esclaves de remporter plusieurs victoires.

Général Toussaint Louverture

Toutes ces révoltes d’esclaves contribuent à faire reconnaître à un certains nombres de personnes vivant en Métropole la nécessité de mettre en cause traite et esclavage. De plus, l’esclavage est dénoncé en Métropole par des philosophes des lumières (tels que Rousseau ou Condorcet) mais également par des physiocrates et économistes qui considéraient que le travail forcé était un frein à l’essor économique. Mais c’est par la force que l’abolition sera obtenue. Parfois, les révoltes d’esclaves ont permises de créer des « zones de liberté ». Dans la partie Nord de Saint Domingue par exemple, des esclaves insurgés qui ont quitté leur plantations et défriché des terres produisent des cultures vivrières. Ils sont 10 000 à 12 000 insurgés sur ce territoire à vivre avec leurs familles.

C’est ainsi sous la pression de la révolte que l’abolition est d’abord proclamée à Saint Domingue le 29 août 1793 (pour le Nord) et le 21 septembre 1793 (pour le Sud). La loi entérine ainsi en réalité l’état de fait que l’insurrection des esclaves à elle-même réussi à instaurer. La Convention nationale suit la décision des commissaires à Saint Domingue et décrète l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises le 4 février 1794.

Les hommes de couleurs libres entrent à l’Assemblée de la Convention-1794-Charles Thévenin

Retour de flammes

Malheureusement Napoléon Bonaparte est revenu sur cette mesure et a légalisé l’esclavage le 20 mai 1802. Il faut attendre la Révolution de février 1848 pour qu’enfin, dans l’effervescence républicaine, les abolitionnistes puissent contourner l’opposition des planteurs.

L’interdiction de la traite rencontre en effet l’opposition des ports atlantiques (Bordeaux, Nantes) qui espèrent reprendre le fructueux négoce, interrompu, depuis 1793, par le blocus britannique. Si les lois, règlements et circulaires français interdisent officiellement la traite, les personnes chargées de l’appliquer sont volontairement très laxistes dans l’application de la législation.

En 1831, le gouvernement de Jacques Laffitte,où siègent de nombreux membres de la Société de morale chrétienne,une organisation d’oppositionnels libéraux engagés dans le combat contre la traite, fait adopter la loi du 4 mars 1831 qui vise à son abolition définitive : elle prévoit vingt à trente ans de travaux forcés pour les responsables, la réclusion pour l’équipage du navire et un engagement de sept ans dans les colonies pour les esclaves libérés lors de la prise du navire. Cette loi est toutefois compromises par les émeutes de la Monarchie de juillet en métropole (1830-1848).

C’est par le décret du 27 avril 1848, écrit et impulsé par Victor Schœlcher que l’esclavage est totalement abolit. Près de 248 500 esclaves sont alors libérés (plus de 87 000 en Guadeloupe, près de 74 450 en Martinique, plus de 62 000 à la Réunion, 12 500 en Guyane, plus de 10 000 au Sénégal d’après les demandes d’indemnisation présentées par les propriétaires).

L’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises en 1848-François-Auguste Biard-1848

SOURCES 

  • Les luttes et les rêves, une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours , Michelle Zancarini-Fournel, Editions La découverte, 2016
  • Aimé Césaire, Toussaint Louverture. La révolution française et le problème colonial , Présence Africaine, Paris, 1961
  • Wikipédia, Décret d’abolition de l’esclavage du 27 avril 1848,

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