La galère : un quotidien dont on se passerait bien !
Du fait de leurs faibles revenus, les personnes de milieux populaires sont souvent dans la galère. La galère pour trouver un bon logement, faire réparer son véhicule, trouver une solution pour faire garder les enfants… La galère, c’est aussi, chaque mois, la difficulté à joindre les deux bouts, avec son lot de stress et de privations. Les aides sociales, qui limitent les difficultés, rajoutent parfois au stress : dossiers compliqués, suspensions, retards…Ainsi, mis bout à bout, le manque de moyens rend la vie plus difficile, malgré la débrouille et l’entraide déployées.
Des ressources économiques faibles et limitées
Que ce soit en termes de salaires, de revenus, de niveau de vie, et encore plus de patrimoine, les ouvriers et les employés sont proches les uns des autres… Et loin derrière les catégories moyennes et supérieures. Ces inégalités économiques se sont accentuées depuis les années 1980.
Pour de nombreuses personnes, cela est synonyme de pauvreté. La France compte cinq millions de pauvres si l’on fixe le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian (846 euros) et 8,9 millions si l’on utilise le seuil à 60 % (1015 euros), selon les données 2015 de l’Insee. Au cours des dix dernières années (2005-2015), le nombre de pauvres a augmenté de 600 000 au seuil à 50 % et d’un million au seuil à 60 %.
Cela vaut aussi pour les retraités. En 2015, la pension moyenne d’un retraité français était de 1283 euros net. Derrière la moyenne, on sait qu’un peu plus d’un quart d’entre eux touchent moins de 800€ de pension, et 44% moins de 1200€! La plupart ont donc peu de moyen.
Les niveaux de revenu par catégorie sociale L’observatoire des inégalités répartit ainsi les classes sociales selon leur revenu mensuel :
On peut aussi mesurer les inégalités de revenus en comparant les revenus moyens des 10% les plus pauvres et des 10% les plus riches. Ainsi, en 2007 :
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Au delà des revenus, les inégalités de patrimoine (capital, biens immobiliers, …) sont les plus importantes : d’après l’Insee, les 10 % les plus fortunés détiennent près de la moitié du patrimoine national en 2015. Les 50 % les moins fortunés ne disposent que de 8 % de l’ensemble. Le patrimoine net médian s’élève à 114 000 euros en France, (médian = celui qui sépare la population en 2 : 50% sont au-dessus, 50% sont en-dessous) mais cette médiane masque d’importants écarts : celui des ouvriers non qualifiés est de 16 400 euros quand celui des cadres est de 205 000 euros.
La dépendance aux minimas sociaux et aux aides sociales pour vivre
Qu’elles soient sans emploi et arrivées en fin de droit au chômage, ou travailleur.ses pauvres, les personnes de milieux populaires dépendent souvent des minimas sociaux pour vivre. C’est d’ailleurs une des définitions de la pauvreté : le fait de devoir dépendre de la solidarité nationale, ou des aides pour s’en sortir. D’après un rapport de la DREES, en 2016, en prenant en compte les conjoints et les enfants à charge, environ 7 millions de personnes, soit 11% de la population française, étaient couvertes par les minima sociaux. Cela cible principalement les foyers modestes et pauvres. Ainsi, en 2015, 65 % de la masse totale des minima sociaux est distribuée aux 10% des personnes les plus pauvres avant redistribution.
Des études montrent que ces aides permettent de limiter la pauvreté. Ainsi, d’après le même rapport de la DREES, les aides sociales dites « non contributives » (qui ne dépendent pas de cotisations, type le chômage ou l’assurance maladie) représentent 20 % du revenu disponible des ménages modestes et 41 % de celui des ménages pauvres. Ces aides comprennent notamment les aides aux personnes sans travail ni chômage (RSA), les aides aux travailleurs pauvres (prime d’activité), les aides aux logements (APL), les aides familiales (allocations familiales, API…), les aides à la mutuelle (CMU), le minimum vieillesse ou encore les allocations adultes handicapés (AAH)…
Des aides qui permettent souvent tout juste de joindre les deux bouts… et encore !
Mais elles ne permettent pas vraiment de s’en sortir, du fait de plusieurs défauts :
- Un montant faible. Il faut garder en tête que le RSA est bien inférieur au seuil de pauvreté (voir encadré). Le minimum vieillesse est quand à lui de 833 euros pour une personne seule en 2018.
- Un côté stigmatisant. Beaucoup de personnes ne demandent pas les aides parce qu’elles ont peur d’être étiquetées comme « assistées », qu’elles ont honte de demander de l’aide, ou peur d’un contrôle en contrepartie.
- Des démarches parfois compliquées et le manque d’informations, expliquent aussi que des personnes ne les demandent pas ou ne les obtiennent pas
- Des conditions limitantes : des couples se retrouvent en difficulté car si une des 2 personnes a un salaire, l’autre ne peut toucher le RSA
- un aspect parfois insécurisant et stressant existe aussi du fait des nombreux documents à produire, des retards de versements, les demandes de remboursements a posteriori, les variations de montant imprévues… Ainsi parfois, les aides sociales elles-mêmes sont sources de galère…
Le RSA (Revenu de Solidarité Active) Son montant au 01/01/2017 était de :
On déduit de ce montant un forfait logement (64 euros pour une personne seule) pour ceux qui sont hébergés gratuitement ou perçoivent les allocations logement. En 2012, on estimait qu’environ 35% des personnes qui y auraient droit n’avaient pas le RSA socle. Cela représentait 1,7 millions de ménages. C’est ce qu’on appelle le non-recours. Source : observatoire des inégalités |
Ces faibles revenus induisent des conditions de vie plus difficiles
Cette condition économique n’est pas sans impacts sur les conditions de vie. Les galères s’enchainent souvent au quotidien : difficultés à se loger, à payer les factures de chauffage, eau et électricité, les courses, les vêtements et affaires des enfants, les frais de voiture ou de santé non remboursés… Cette difficulté à joindre les deux bouts, boucler les fins de mois en somme est en soi stressante. Elle génère aussi des conditions de vie plus difficiles : appartements mal chauffés, renoncement aux soins, alimentation de moindre qualité, matelas usés qui font mal au dos…
Les classes populaires sont plus mal logées La Fondation Abbé Pierre énumère 4 millions de personnes sans abri, mal logées ou sans logement personnel en 2017. En plus de ces personnes, 12,1 millions sont touchées à des degrés divers par la crise du logement. Effort financier excessif, précarité énergétique, risque d’expulsion locative, copropriétés en difficulté, surpeuplement…Parmi elles, 3 558 000 de personnes ont eu froid chez elles à cause de la précarité énergétique. Au total, sans les doubles comptes, près de 15 millions de personnes sont touchées, à un titre ou à un autre, par la crise du logement. On compte également 15% de ménages locataires d’un organisme de logement social, soit 10 millions de personnes. |
S’en sortir … tout juste, mais sans pouvoir s’épanouir
Les classes populaires partent peu en vacances Les catégories populaires partent beaucoup moins en vacances comparé aux catégories aisées, voire même pas du tout. A titre de comparaison, 82 % des cadres supérieurs partent en congés contre 47 % des ouvriers. Plus on monte dans l’échelle sociale, plus on a de chances de pouvoir s’évader. Pour partir, il faut en avoir les moyens : 86% des personnes aux revenus supérieurs à 3000 euros sont partis en vacances, contre 40 % des personnes aux revenus inférieurs à 1 200 euros mensuels. Un « budget vacances » pour une famille peut facilement dépasser le milliers d’euros : impossible pour la majorité des bas salaires. Source : Observatoire des inégalités |
Et vous ?
Voilà pour nous ce qu’est la galère : des faibles revenus, des soucis au quotidien, des conditions plus difficiles et peu d’échappatoires pour se détendre …. Face à tout cela, la débrouille et l’entraide sont de mises.
Et pour vous, c’est quoi la galère ? Quelles sont vos galères ? Comment faites-vous pour vous en sortir malgré tout ? N’hésitez pas à nous le dire en commentaire!