Le Mouvement National des Chômeurs et Précaires (MNCP)

Le Mouvement National des Chômeurs et Précaires (MNCP)

Créé en 1986, le MNCP est une association de défense des chomeurs et précaires qui se bat pour obtenir l’amélioration des droits au chômage et aide aussi les chômeurs/ses à mieux s’en sortir au quotidien. Pourquoi le MNCP s’est-il crée? Quelles sont leurs actions et leurs revendications ? Qu’ont-il déjà obtenu ? Petit tour d’horizon en quelques paragraphes :).

En 1981, alors que le chômage augmente fort, un collectif se crée pour défendre les chômeurs.ses et précaires

Créé en 1986, le MNCP est l’héritier du premier syndicat des chômeurs, créé par Maurice Pagat, un cadre au chômage depuis 18 mois.  En 1981, alors que le chômage ne cesse d’augmenter et que les grands syndicats ont du mal à animer des collectifs de chômeurs, M. Pagat créé un collectif pour la création d’un syndicat de chômeurs, et appelle les chômeurs à se rassembler, jugeant qu’il est « urgent et indispensable d’inviter les chômeurs à refuser la solitude, à résister, à se défendre, à s’organiser et à prendre enfin la parole ».

Ce collectif revendique le relèvement de l’allocation chômage, la création d’un minimum vieillesse et d’un minimum d’insertion, et l’accès à la formation professionnelle. En 1982, un 1er syndicat se créé, puis une maison des chômeurs en 1984. En 1985, le syndicat organise sa première manifestation d’ampleur avec 7000 personnes dans la rue. En 1986 le syndicat se transforme en « Mouvement National des Chômeurs et Précaires » (MNCP) pour regrouper les membres du syndicat plus présents sur Paris, et d’autres associations ailleurs en France. L’objectif est de s’entraider et de se faire entendre au national !

Des actions concrètes pour aider les chômeur.ses et précaires au quotidien

Aujourd’hui, le MNCP regroupe environ 40 associations locales  et une structure nationale, avec environ 5000 adhérent.es. Il allie intelligemment des actions individuelles concrètes de soutien aux personnes en galère avec des actions de lutte collective, avec :

  • l’accueil des chômeurs et précaires pour les aider et les soutenir dans leurs démarches pour trouver un emploi, défendre ses droits etc

  • la défense des droits individuels et collectifs des chômeurs par des actions de lutte, le portage de revendications etc mais aussi, ces dernières années, la production de supports renouvelés tels qu’un livre, ou encore la campagne « Les grossiers de l’écran », un prix pour dénoncer les pires déclarations politiques ou médias sur le chômage et la précarité comme ici en 2020 par exemple

  • le développement d’activités d’Economie Sociale et Solidaire permettant d’offrir des emplois à des personnes en difficulté

  • des formations pour les associations

Vous avez besoin d’être aidé.e ? Il y a peut-être une association du MNCP près de chez vous,  et le MNCP peut aussi vous aider par tel : n’hésitez pas à les contacter via leur permanence téléphonique au 01.84.16.94.22

Des luttes qui ont permis d’obtenir des avancées

Depuis sa création, le MNCP a ainsi organisé de nombreuses marches de chômeurs, des occupations de locaux comme l’ANPE et les ASSEDIC (1997/1998), le secrétariat de l’ESS (2005), l’Oreal (2011) et le Fouquets (2012), des colloques,  et mis la pression à l’Etat contre tel ou tel dispositif injuste.

Même si cette lutte n’est pas facile et a du mal à prendre de l’ampleur, et que le dialogue avec les syndicats est compliqués, le MNCP a tout de même contribué à obtenir des victoires, notamment :

  • en 1997-1998, grosse année de mobilisation sur le chômage,  le MNCP obtient avec d’autres associations et des syndicats, une hausse des minimas sociaux et, via la loi de lutte contre les exclusions, un début de représentation des chômeurs et précaires avec la mise en place des comités de liaison pôle emploi, et une place au CNLE (Comité national de lutte contre les exclusions)
  • à l’arraché, d’année en année, un minimum de financement de l’Etat contribuant à la survie du MNCP et de ses associations locales a permis aux associations du MNCP d’être financées pour continuer leur action
  • en 2004, « la bataille des recalculés » a permis, grâce à une mobilisation juridique, d’obtenir l’annulation d’une convention UNEDIC par le Conseil d’Etat , ainsi 800.000 chomeurs « recalculés » de l’UNEDIC ont pu retrouver leurs droits, c’est à dire une allocation  chômage !
  • au quotidien, la résolution d’un grand nombre de problèmes que rencontrent des chômeurs pour accéder à leurs droits, au travers la pression exercée par les associations locales sur les administrations concernées,

Les revendications du MNCP

Si des avancées ont été obtenues depuis les années 80, de nombreuses régressions sont à déplorer depuis quelques années …Avec d’autres mouvements de lutte, le MNCP reste mobilisé avec des actions et des supports d’information contre les réformes récentes du chômage. Ce mouvement porte aussi plus globalement des revendications que vous pouvez retrouver ici, parmi lesquelles :

  1. Les mêmes droits que les salarié.es

Le MNCP revendique un  » Système Unifié et Universel d’Indemnisation du chômage et de la précarité (SUUI) » avec des droits et prestations attachées à la personne (non aux revenus familiaux),·les mêmes droits pour ceux qui sont en emploi ou ceux qui n’y ont pas accès (couverture santé, droit aux congés donc aux vacances, à la retraite, à un revenu minimum…),·L’arrêt des reculs de droits (APL, Contrats aidés, Retraites, …) et donc la reconquête des droits perdus. Il demande aussi à ce que les organisations de chomeur.ses soient vraiment représentés dans les instances où se décident leur sort (CAF, Pole Emploi etc) et concertés obligatoirement en cas de projet de réforme.

2. la création d’emploi décents, utiles et choisis pour les peu qualifié.es

Le chomâge n’est pas une vie : tout le monde a besoin de travailler pour se sentir utile dans la société – c’est pourquoi le MNCP revendique un travail pour tous, mais pas n’importe quel travail. Il revendique le libre choix de son travail et de sa formation ; et la création d’emplois utiles et décents notamment pour les peu qualifiés, dans le secteur public, l’Economie sociale et Solidaire et les secteurs d’avenir comme l’environnement, l’éducation, la santé etc ; et la lutte contre le temps partiel subi et les discriminations ; la poursuite de la baisse du temps de travail.

3. Un service public de l’emploi de qualité et de vrais droits pour les chômeurs.ses

La vie de chomeur.se n’est pas facilitée par Pole Emploi, bien au contraire, tout le monde vous le dira ! Démarches en ligne compliquées, radiations abusives, logique de surveillance et de punition plutot que de soutien (meme si les conseillers peuvent être de bonne volonté) et pas moyen de se défendre… Face à cela, le MNCP revendique une simplification des démarches (des courriers plus simples, éviter le tout numérique qui exclut), la fin des règles punitives (pas de radiation sauf abus financier, droit de se faire accompagner mais pas devoir), le droit de se défendre si il y a un problème (droit au recours etc), l’harmonisation et l’amélioration des règles du cumul allocations/emploi.

4. l’amélioration du RSA et des minimas sociaux

Pour les personnes en fin de droit, le RSA, quand on l’a, est vraiment faible et les règles et démarches sont compliquées. C’est pourquoi le MNCP revendique une hausse des minimas sociaux, le droit au RSA dès 18 ans, l’interdiction de la radiation sauf si les revenus dépassent les seuils, la simplification en cas de revenus irréguliers, et le calcul du RSA sur la base des revenus de la personne et non de la famille, etc…

5. la mise en place d’un Revenu Garanti et Décent pour tous.tes

Pour en finir avec la complexité et l’insuffisance des minimas sociaux, le MNCP revendique la création d’un revenu garanti et décent pour tous.tes, pour que tout le monde atteigne, au minimum, un revenu aux alentours de 1000 euros par mois. Cela passerait par la hausse des minimas sociaux, leur gestion par un organisme unique. Les allocations seraient rattachées à la personne indépendamment de sa situation familiale ou professionnelle. Les démarches seraient simplifiées pour éviter le non recours, la radiation, les ruptures de prestation, le fait de devoir payer des indus en cas d’erreur de l’administration ou de changement de situation, etc… Cette demande s’inscrit dans une demande plus ambitieuse de réforme fiscale et du travail.

Bref, le MNCP est un mouvement original et combattif qui permet à la fois d’apporter une aide concrète, quotidienne, à des chomeur.ses et chomeuses, comme d’autres associations, mais aussi de porter les besoins spécifiques de ces personnes, en lien avec tout un réseau d’associations partenaires ! Pour en savoir plus, les soutenir ou adhérer au mouvement : voici leur site !

Sources :

 

 

militant-pop